L'obsession du verbe
Les mots me donneront d’innombrables regrets,
Ils me murmureront de terribles secrets.
Ils me pardonneront les rimes larmoyantes
Et m’offriront la joie quand ma plume insolente
Se dressera encore comme une survivante
Surgissant de dessous mes rêves moribonds
Plus intrépide après avoir touché le fond
Et plus lucide aussi face à mes illusions.
Les mots me donneront la vie encore, encore…
Non je ne mourrai pas, je recommencerai !
Je ferai face à l’univers de tout mon corps
Et s’il est épuisé, je le soulèverai
Avec mon âme, avec mon cœur
Avec mes désirs silencieux
Avec mes mémoires antérieures
Et mes néants vertigineux.
Mon style alambiqué désuet et crâneur,
Mon verbe conjugué au futur intérieur
Trouveront un écho au plus profond de toi
Car nous sommes pareils, n’est-il pas vrai lecteur ?
Il y a entre nous un miroir dont l’éclat
Nous renvoie un regard clairvoyant et sans fard.
Oui, nous nous comprenons, n’est-ce pas ?
Nous nous désaltérons dans le même abreuvoir !
Nous nous grisons d’espoir car l’espoir nous exalte.
Alors, je sèmerai ma folie poétique
Sur le trottoir, sur le ballast ou sur l’asphalte
D’un monde virtuel et apocalyptique
Je sèmerai mes mots prophétiques au hasard
Et même s’ils se perdent dans tout ce bazar…
Non je n’en mourrai pas, je recommencerai
Car l’encre est là pour ça lorsque la voix se tait.